Dernières leçons de ce premier mois : nous voyons ce nouveau monde par un petit bout de lorgnette. Certes, nous vivons une grande expérience, pleine de découvertes et d’enseignements. Mais le sujet est si vaste, le temps si court, que nous aurons encore plus à apprendre une fois que nous aurons terminé notre tour.
10 – Je le savais, mais l’évidence s’impose maintenant : nous n’allons voir qu’une infime portion de l’Amérique. Nous survolons une Amérique au service d’un petit groupe de seniors aisés, blancs, de couples bien rangés, retraités cherchant le soleil, clients privilégiés de services de luxe, profitant d’une civilisation qui ne pourra pas durer sans bouleversements prochains. Nous sommes dans ce même panier. La pente facile est de ne pas y penser. Le plus intelligent est sans doute de s’efforcer de voir aussi d’autres gens et d’autres lieux, plus divers et plus modernes. Peut-être faudra-t-il que ce soit ailleurs qu’en Amérique, cependant.
11 – Nous ressentons combien cette nation est variée. Certes, les autoroutes et les centres commerciaux se ressemblent tous. Mais entre la Virginie et ses militaires d’un côté, et les pêcheurs de crevettes des Carolines d’un autre; entre la courtoisie appliquée perçue en Virginie et le rude naturel trouvé en Georgie; les rivières plus au Nord, les “sounds” et les marais plus au Sud… les paysages, les économies, les accents diffèrent, et contredisent l’image uniforme que nous avons, parfois, de ce pays.
12 – Nous allons chercher à comprendre ce que nous voyons, mais nous ne comprendrons pas tout. L’élection de Trump a surpris tellement de gens ici-même, et des spécialistes, qu’il n’y a pas de honte à avoir. Autre exemple, plus proche de nous : le régime des marées et des courants. Dans le dédale des “sounds” qui relient les rivières et les marais intérieurs à l’océan, les cours d’eau se remplissent et se vident par les deux bouts, les courants vont en sens inverse de la marée, et c’est à peine si les marinas connaissent l’heure de l’étale de basse mer locale, pour nous dire si nous aurons assez d’eau pour passer dans leur chenal. Heureusement, avec notre tirant d’eau minimal, là où un “loopeur” passe, nous passons aussi !