– Qu’est-ce que vous pêchez ?
– Nous ? Rien, on n’attrape jamais rien.
La conversation est vite engagée, en ce dimanche matin, avec les deux pêcheurs qui ont amarré leur barque sur notre ponton, à l’arrière de Magic. L’un des deux demande à visiter notre catamaran et se présente « Moi, c’est Terence. Mais on m’appelle Doc ! »

– Et vous êtes docteur ?
– Oui, enfin, dentiste.
Cela fait plus de trois mois que je traîne une vieille douleur dentaire. J’ai essayé à plusieurs reprises d’avoir un rendez-vous mais à chaque fois, on m’annonce un délai d’au moins deux mois. J’avais renoncé mais là, j’ai sauté sur l’occasion quand Doc m’a proposé de me donner une consultation en urgence.

Après avoir admiré Magic et comparé les consommations en carburant de sa barque et de notre catamaran, Doc m’a donné les coordonnées de son cabinet, à une dizaine de milles du chantier où nous sommes arrêtés. Sur son conseil, j’ai immédiatement laissé un message sur le répondeur de son secrétariat : «Bonjour, on est dimanche. Je viens de rencontrer le Docteur Michiels (prononcez Michaels) sur son bateau, sur le lac et j’ai besoin d’un rendez-vous très vite. Merci de me rappeler quand vous aurez ce message. »

Lundi matin, 8h30. Le téléphone sonne. « Bonjour, ici le cabinet du Docteur Michiels. Nous avons un rendez-vous pour vous ce soir à 17 h ».

L’affaire s’est compliquée quand Uber, pour je ne sais quelle raison, a souhaité que je confirme mon adresse mail avant d’enregistrer ma demande de course. J’ai jonglé d’un téléphone à l’autre mais impossible de valider le lien envoyé par email. Pas d’Uber.

Alors, j’ai raconté mon histoire à la boutique du chantier et demandé si on pouvait m’appeler un taxi. John, l’employé de la boutique, a appelé les taxis de Waukegan les uns après les autres mais tous annonçaient au moins une demi-heure de délai. J’allais rater mon rendez-vous avec Doc.

John est allé voir son patron et a expliqué mon histoire, le rendez-vous chez le dentiste, Uber, les taxis … et a demandé s’il pouvait nous conduire. Comme il dit « On est là pour servir les clients, non ? ». Et qui allait s’occuper de la boutique, en son absence ? « Mon patron m’a dit qu’il allait jeter un oeil ».

C’est comme ça qu’à 16 h 45, j’étais dans le cabinet du Doc. J’ai rempli les papiers d’usage et à 17 h sonnantes, j’étais installée dans le fauteuil, la bouche ouverte pour une série de radios. Pas de carie – ouf ! – juste, une bonne vieille douleur dans l’articulation de la mâchoire. Doc en a profité pour exécuter un nettoyage complet de mes dents et me prescrire, en sécurité, les équivalents locaux de médicaments dentaires dont j’étais à cours.

A l’appréhension naturelle du dentiste, assez grande chez moi, s’est bientôt ajoutée celle de la facture ! Mais Doc avait tout prévu. Il m’a fait un super tarif.

Thank you Doc ! Et promis, si dimanche vous venez à Chicago, on vous emmène faire un tour sur Magic !