Les “loopeurs” qui finissent leur (premier ?) tour, qui “croisent leur sillage” comme on dit, l’annoncent souvent sur le site de l’Association, avec quelques phrases de conclusions. L’une d’elle revient constamment : le plus beau du Loop, ce sont les amis qu’on se fait pour la vie. Pour nous, le moment venu, je ne pense pas que nous en dirons autant.

Si nous avions pratiqué les rencontres répétées avec des collègues “loopeurs”, organisé des rendez-vous périodiques pour nous retrouver à plusieurs, nous aurions eu plus d’occasions. Mais nous n’avons jamais cherché à rester en groupe. Nous avons privilégié notre propre rythme, nos découvertes, les sentiers non battus par la troupe.

Surtout, nous donnons la préférence aux rencontres que nous pouvons faire, aux escales, avec des gens du cru. C’est facile s’ils font du bateau, souvent ils viennent nous voir, attirés par notre pavillon français, ou par notre curieux engin – décidément, il y a peu de catamarans ici, encore moins à moteur. Souvent, nous faisons visiter Magic, et les conversations s’étendent facilement.

Mais les terriens discutent aussi facilement, les pêcheurs sur les quais, les clients ou le personnel des restaurants… Quelques questions bien placées, et les confidences démarrent. Quelquefois, elles s’étendent sur un dîner, ou un pot à bord. Nous avons le sentiment d’en apprendre plus, en accumulant ces occasions si diverses, qu’en répétant les mêmes échanges avec les mêmes loopeurs.

Nous avons fait quelques connaissances de bateau que nous essayons d’entretenir. Garderons-nous le contact avec ces quelques nouveaux amis rencontrés pendant notre Loop ? Aurons-nous le plaisir de les revoir chez eux, à terre, ou à les recevoir en France ? Peut-être, mais ce n’est pas la récompense que nous cherchons à tout prix.

Notre voyage, par essence, fait de nous des êtres de passage. Nous sommes ici trop éphémères, et trop étrangers, pour être facilement l’objet de rencontres durables et approfondies. Alors, déjà, essayons d’entretenir nos affections anciennes, qui ne méritent pas qu’on les néglige.