Notre été canadien touche à sa fin. Le temps fraîchit et il pleut plus souvent ; l’automne est au coin de la rue, nous dit un maître de port. Dans quelques jours, nous allons passer la frontière pour rentrer aux États-Unis et amorcer notre navigation vers Chicago, sur le lac Michigan. Nous quittons le Canada avec regret.

Il est vrai que le plaisancier européen trouve ici un pays qui a su rester proche de ses ressources naturelles, aquatiques notamment, et préserver une partie de l’art de vivre du vieux continent.

Dès notre entrée au Québec, ce n’est pas tant la proximité linguistique francophone ou celle climatique avec la Bretagne qui séduisent mais la présence de petites villes, organisées autour d’un vrai centre, où l’on peut marcher dans des rues avec trottoirs, faire ses courses dans des petits supermarchés mais aussi dans des magasins spécialisés, boucheries, boulangeries, quincailleries … Surtout, les bars sont nombreux, on peut s’asseoir au comptoir ou en terrasse pour déguster une bière locale ou un café frappé au sirop d’érable.

En Ontario, l’influence britannique s’affirme. Les bars cèdent la place aux pubs, les menus affichent sheperd’s pies et fish and chips. A Smith’s Falls, nous avons passé une écluse aux sons des cornemuses d’un festival écossais où nous avons assisté à un concours de danses et musiques des Highlands.  Adieu les églises québecoises aux hauts clochers argentés ; ici l’église est anglicane et les maisons arborent un air de cottage du Surrey.

Le plaisancier est ici chez lui, dans la beauté sauvage des îles ou l’extrême civilisation des canaux. La modestie des marinas est compensée par l’affabilité des maîtres de port. Chaque maître éclusier – ou son étudiant en job d’été – se fait un point d’honneur de prévenir l’écluse suivante et d’arranger, s’il le faut, un amarrage de nuit sur le ponton d’attente. Les commerçants livrent les courses jusqu’aux bateaux et François, le patron de la winery de Wesport, soucieux de son commerce, est venu nous chercher au port et nous y a ramenés. C’est heureux après la dégustation de vins !

La nature est aussi grandiose que l’accueil est chaleureux. La gentillesse semble être une vertu canadienne et on dit ici que certains touristes américains, en visite en Europe, arborent un petit drapeau canadien usurpé pour profiter de la bonne image du pays !

La Baie Géorgienne et le Chenal du Nord sont les plus beaux endroits que nous avons visités depuis notre départ de Chesapeake, il y a près de dix mois. Nous y avons fait nos mouillages les plus sauvages. Mais nous restons sur notre faim de ces paysages grandioses que nous avons tenté de montrer sur ce blog. A l’heure de les quitter, nous songeons à la suite de nos aventures, lorsque nous aurons croisé notre sillage et nous faisons déjà le plan de revenir, l’été prochain, ici, au Canada.