Le mauvais temps, orages et vents, est annoncé et nous devons quitter nos mouillages favoris et trouver abri en marina. A l’affût de haltes hors des sentiers battus, nous avons choisi de nous arrêter quelques jours à Manitowaning, sur l’île de Manitoulin.

Manitowaning a tout pour plaire aux plaisanciers. Mais bien que dotée de tous les services requis, douches, laverie gratuite, carburant, essence et diesel, station de vidange des eaux noires ainsi que d’un personnel aux petits soins, la marina municipale est déserte et Magic est l’unique bateau de passage.

La seule animation du front de lac vient de la plage voisine et des pêcheurs qui participent au Salmon Classic 2017, un concours de pêche organisé du 29 juillet au 27 août dans les eaux de l’île Manitoulin, car la marina aussi l’une des sept stations officielles de pesage des poissons.

La ville offre également toutes les ressources pour reconstituer les réserves du bord. Il y a une pharmacie, un petit supermarché très bien achalandé avec de beaux rayons fruits et légumes et boucherie et bien sûr un LCBO, la boutique de la Régie des Alcools de l’Ontario qui a le monopole de la vente des boissons alcoolisées, bières comprises. Il y a aussi une poste, une banque et un magasin d’armes qui fait aussi prêteur sur gages.

L’histoire de la cohabitation entre colons européens et peuples autochtones sur l’île de Manitoulin s’écrit, comme partout et toujours, au fil des traités signés et rompus et au rythme de l’appropriation des terres.

Les premiers Européens s’installèrent sur l’île de Manitoulin en 1837, à Manitowaning. L’église anglicane Saint-Paul, la plus ancienne de l’Ontario du Nord, date de 1845, le phare de 1886. Pendant de nombreuses années, Manitowaning fut un port actif du Chenal du Nord et le SS Norisle, aujourd’hui à la rouille dans le port, est un vieux ferry de l’après-guerre. Le musée Assiginack occupe l’ancienne prison et retrace les heures de l’installation européenne dans ce territoire.

Manitowaning est aussi le siège du Debajehmujig , les Conteurs, un groupe de théâtre des Premières Nations créé en 1981. Dans les locaux de leur petit centre culturel, nous faisons la rencontre d’Audrey, une des responsables du Debajehmujig. Son fils est pêcheur dans la baie et elle a cuisiné des filets de truite du lac. Elle les sort du four devant nous et nous en offre un pour notre dîner.

Elle nous invite au spectacle du soir, une version moderne d’un conte ancestral, et à la danse aux anneaux du lendemain.