Après deux jours passés à « sentir » Ottawa en arpentant la ville à pied et en faisant halte dans ses innombrables pubs et cafés, nous décidons de jouer les vrais touristes et de visiter Parliament Hill, siège du gouvernement fédéral canadien.
Le Parliament ne se visite pas librement mais seulement en groupes, accompagnés d’un guide. Il faut d’abord faire une queue raisonnable, dès avant 9 h du matin, pour retirer un ticket – gratuit – pour une visite à une heure donnée, le jour même.
Bilinguisme oblige, les visites sont organisées et français et en anglais. Celles en anglais étant davantage demandées, le choix des horaires est plus grand en français. Le nôtre affiche 12h40.
Lorsque nous rejoignons Parliament Hill sur le coup de midi, un petit attroupement ferme Wellington Street, la grande artère qui parcourt la Colline du Parliament. Nous pensons à un rassemblement de manifestants bons enfants venus défendre leur cause devant le Parliament. En fait, il s’agit d’une célébration officielle de la Journée des Autochtones, organisée chaque solstice d’été, « pour souligner les contributions fondamentales que les Premières Nations, les Inuits et la Nation métisse ont apportées à l’identité et à la culture des Canadiens. »
Justement le premier ministre, Justin Trudeau annonce que le grand bâtiment du 100 Wellington Street, partie intégrante de Parliament Hill et qui abritait jusqu’alors l’ambassade américaine, allait être alloué aux peuples autochtones afin d’affirmer leur présence, au moins symboliquement, dans ce lieu des décisions gouvernementales.
Il annonce également l’intention du gouvernement de renommer la Journée des Autochtones en Journée des Peuples Autochtones.
L’heure approche ; nous rejoignons notre guide et passés les inévitables contrôles de sécurité, nous commençons notre visite . Malheureusement, le Parlement étant encore en session, nous ne pourrons pénétrer ni dans la Chambre des Communes, ni au Sénat mais aurons tout loisir de nous émerveiller, en silence, dans la Bibliothèque.
En redescendant de la Tour de la Paix et en quittant la Chapelle du Souvenir, je repense à cette Journée des Autochtones. Je suis contente d’avoir assisté en direct à un moment d’histoire canadienne mais j’avoue m’interroger sur la portée de ces actions symboliques. Il me revient en mémoire le slogan d’une manifestation de ma jeunesse, un jour de Fête des Mères : « Fêtées une journée, exploitées toute l’année ».
Surtout je me demande si les réparations ne viennent pas trop tard, alors que les populations concernées ont déjà été décimées et leur culture presque anéantie. Je pense à la disparition de la culture yiddish. Je pense aussi à l’avenir de notre planète menacée par le réchauffement climatique. N’avons-nous pas atteint là aussi un point de non retour ?