Evidemment, c’est toujours en pleine préparation du repas que la bouteille de gaz flanche. Sinon, c’est logique, on ne s’en apercevrait pas. Rien de bien grave sur le moment car Jacques a vite fait d’installer la bouteille de rechange et la cuisine repart.
L’étape suivante consiste à remplacer la bonbonne vide. A terre, cela ne prendrait que quelques minutes, un aller et retour rapide, en voiture, au supermarché le plus proche, un échange de bouteilles et le tour est joué.
Mais sur un bateau, tout est plus compliqué. Les bouteilles sont spéciales et non échangeables. Elles sont petites (6 litres) et en aluminium pour être le moins lourdes possibles. Et vides, elles coûtent une petite fortune. Pas question de les échanger.
Il faut donc trouver un magasin qui remplit les bouteilles. Il n’y en a pas près du port à Montréal et je ne me vois pas trimballer ma bouteille de gaz dans le métro et courir le risque d’une vérification policière.
Je pars donc à la recherche, sur Internet, de stations de remplissage proches des voies d’eau que nous allons parcourir et à honnête distance d’une marina pour pouvoir m’y rendre en Uber.
Puis je téléphone à chacune des adresses répertoriées.
C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Monsieur Propane. Monsieur Propane n’a pas de boutique mais un camion avec lequel il remplit des petites citernes ou des bonbonnes, de place en place autour de Beaconsfield, sur le Saint-Laurent, à la sortie de Montréal.
Comme Monsieur Propane est sur les routes, il ne décroche pas son téléphone. De message en message, en trois jours, on a réussi à se donner rendez-vous à Sainte-Anne de Bellevue où nous avions prévu de passer la nuit au quai de l’écluse du joli centre-ville. Je l’ai attendu à l’arrêt de bus, devant l’église. Ici, on est habitué aux plaisanciers et personne ne m’a trouvée bizarre avec une bonbonne de gaz à mes pieds.