Nous visons maintenant Montréal. C’est une destination qui se mérite, parce qu’il faut d’abord remonter une partie du fleuve Saint-Laurent. Et avec les crues de cette année, c’est parfois assez musclé.

L’entrée au Québec s’est faite en douceur : amarré au poste de douanes, on est reçu par une douanier et une douanière très aimables. Il font leur travail sérieusement, mais dans un esprit de bienvenue fort agréable, et en français ! Nelly avait préparé soigneusement tous les papiers, les déclarations des provisions du bord, les dates de séjour, et nous sommes bientôt repartis avec la bénédiction des autorités.

Le paysage ne change pas immédiatement : c’est le même genre de parcours mi-rivière, mi-canal que nous pratiquons depuis le lac Champlain. Mais nous commençons par une série d’écluses. Pour le moment, pas beaucoup de bateaux avec nous, donc des manoeuvres assez simples, et un bon entraînement pour la foule qui est annoncée pour Juillet et Août. Nous parlons français avec le maître éclusier – même s’il est quelquefois aussi difficile à comprendre, à la radio, que les Coast-Guards américains. Nous nous arrêtons aux pontons d’attente des écluses, où nous pouvons passer la nuit gratuitement. Nous faisons halte dans des bourgs où nous trouvons du ravitaillement frais, et tout à côté. Il y a même des bistrots où prendre une bière en terrasse avant de rentrer au bateau faire notre dîner ! Alors, nous traînassons en route. Nous faisons comme les locaux en week-end : nous nous la coulons douce dans un mouillage tranquille, d’autant plus que le temps s’est presque mis au beau.

Mais il faut se lancer dans la remontée du Saint-Laurent pour, en deux jours, atteindre Montréal. Les eaux sont très hautes, entre 2 et 4 mètres de plus qu’une année normale à cette époque. Beaucoup de berges sont inondées, les pontons flottants sont encore remisés à terre. La marina où nous faisons escale n’a pas encore pu réinstaller l’eau et l’électricité. Les courants, annoncés sur les cartes à 1 à 2,5 noeuds en moyenne, sont certainement plus forts.

Nous progressons quand même, en naviguant finement pour éviter le centre du fleuve, pour aller chercher près de la rive les eaux les plus tranquilles. Et finalement, après un dernier tronçon avec 5 noeuds de courant contre nous, nous arrivons à bon port… le Vieux Port de Montréal, bien à l’abri de ses hauts quais.