Contactée sur la VHF pour les dernières instructions d’approche, la marina précise : « Vous serez sur le ponton le plus extérieur mais vous aurez un cart de golf électrique pour vous déplacer jusqu’à la capitainerie ». La marina est donc si grande  ?

A peine amarrés, nous calculons qu’il y a à peine plus de 500 mètres pour rejoindre le bureau et remplir les papiers d’usage. Et nous sommes bien contents de les parcourir à pied car le chemin borde un petit bras d’eau où le jour se prélassent les tortues et où le soir coassent les grenouilles.

Ici, en Amérique, marcher ou ne pas marcher n’est pas qu’une question de distance. Nous avons appris à nos dépens qu’un supermarché ou un restaurant convoité peut être à proximité mais en réalité inaccessible faute de trottoir continu le long de la route. Car le trottoir peut s’arrêter inopinément et il faut alors marcher dans le talus ou rebrousser chemin.

On ne peut donc se lancer qu’en cas de OUI aux deux questions obligatoires que nos lecteurs anglophones apprécieront : « is it within walking distance?» et « is it walkable?»

Pour autant, la présence d’un trottoir ne garantit pas une randonnée sans souci. La traversée d’un carrefour est une opération laborieuse : il faut attendre plusieurs passages au rouge pour les voitures avant que le petit bonhomme vert des piétons s’allume enfin. Et si rapidement qu’il faut hâter le pas. Et tout recommencer pour l’autre côté.

Il n’y a pas que les croisements. Il faut aussi savoir traverser une route qui coupe la sienne sur la gauche. Certes, le conducteur s’arrête mais seulement pour vérifier l’arrivée des voitures, sur sa gauche évidemment, avant de déboiter. Il ne lui vient pas à l’idée qu’un piéton pourrait venir sur sa droite ; c’est normal, il n’en a jamais rencontré aucun.

Bref, le piéton est ici une espèce en danger et non protégée. D’ailleurs, les automobilistes sont si prioritaires qu’il existe une infraction du nom de « jaywalking ». Elle désigne le fait, pour un piéton, de traverser en dehors des passages réservés. Vous imaginez la maréchaussée française si elle devait verbaliser les coupables de « jaywalking » ? Elle aurait intérêt à courir vite, non ?