C’est bien joli de se balader dans l’Intracoastal Waterway, plutôt bien abrité et qui regorge de marinas prêtes à vous accueillir. Il faut bien sûr surveiller le temps qui vient, mais on se contente généralement de prévoir 24 heures à l’avance. En revanche, pour aller dans les Keys, il faut sortir de sa zone de confort, et ajouter un peu de tactique.
Les Keys, c’est ce chapelet d’iles qui prolonge l’Est de la Floride vers le Sud-Ouest et vers l’Ouest, pointant vers le centre du Golfe du Mexique. Pour y parvenir, en partant de la côte Ouest, il faut sortir sur l’océan, longer la portion de côte qui constitue le Parc national des Everglades, et “sauter” de la pointe Sud-Ouest jusqu’au milieu des Keys, c’est à dire Marathon.
A notre allure préférée, c’est 3 jours. Première étape : arrêt à Everglades City, une enclave habitée dans le Parc des Everglades, qui vit de la pêche et du tourisme, et qui, de 9 heures du matin à 5 heures du soir, résonne du bruit infernal des moteurs des “airboats” chargés de touristes.
Deuxième étape prévue : un mouillage sauvage dans l’embouchure de Little Shark River. C’est le point d’arrêt classique de beaucoup de bateaux sur cette route : des abris pour tous les vents possibles, mais les moustiques les plus féroces de la Floride – qui se vante d’avoir les pires. C’est la nature en grand, sans ravitaillement, sans wifi ni même de couverture cellulaire.
Enfin, il reste une cinquantaine de milles dans le Golfe pour arriver à Marathon. Au total, si possible, c’est 3 jours d’affilée de vent pas trop fort et de mer pas trop formée, à chaque étape de la route.
Nous avions une “fenêtre météo” qui semblait bien établie, avec même un jour de battement supplémentaire à l’arrivée. Nous suivions l’évolution depuis plusieurs jours, et le programme se présentait bien. Hélas, le vent va rentrer plus tôt que prévu, le Golfe va s’agiter plus que nous le souhaitons. Désormais, impossible de faire la route en 3 jours consécutifs. Il faudra prendre exemple sur les pélicans, trouver un petit coin où s’installer confortablement pour quelques jours, et laisser passer le mauvais temps.
S’arrêter, mais où ? Les Everglades sont un vaste désert et un dédale de mangrove, avec peu d’endroits propices. Alors, l’embouchure de Little Shark River ? Les moustiques les plus féroces de Floride – et ils sont réputés – et même pas un signal téléphonique pour mettre à jour la météo. Tant pis, nous ferons le gros dos à Everglades City. Et de préférence dans un mouillage, pour limiter les frais de marina.
De fait, nous avons quitté le confort des pontons, remonté un passage abrité entre des ilôts couverts de mangrove, et nous voici tout seuls, comme nous aimons l’être de temps en temps. Ce soir, la lune va encore être presque pleine, le ciel entièrement dégagé, et peut-être apercevrons-nous quelques dauphins ou une famille de manatees.
Et là, un petit souci : plus de connexion. Pas commode pour actualiser les prévisions météo. Il nous restera sans doute à retourner brièvement à Everglade City jeudi prochain, pour nous mettre à jour.
Une bonne raison pour aller boire un verre dans un bistrot très “couleur locale”, et dîner avec la pêche du jour !
A suivre…