Après la pause du retour en France, nous sommes de nouveau en route. Nous sommes passés à l’Ouest. Il faut comprendre “sur la côte Ouest de la Floride”. Nous avions repris le bateau en mains à Stuart, sur la côte Est, et nous avons suivi notre plan de traverser la Floride à mi-hauteur, par le canal et le lac Okeechobee. Quel plaisir de retrouver nos petites habitudes et notre rythme, agrémentés par la présence de Louis notre nouvel équipier…

La traversée de la Floride n’a pas déclenché les enthousiasmes, d’autant que pour une fois, il pleuvait. Mais arrivés sur la côte Ouest, dans le Gulf Intracoastal Waterway, le temps est revenu au beau, juste assez frais le matin pour jouir du chaud soleil de l’après-midi. Les paysages sont devenus magnifiques, avec de vastes étendues d’eau protégées du Golfe par une langue de terre entrecoupée d’ouvertures sur l’océan, parsemées d’îles, d’anses, et de chenaux serpentant entre les hauts fonds sableux… Partout, des animaux (plus ou moins sympathiques).

Nous retrouvons le plaisir des mouillages protégés au coeur de la nature. Nous alternons avec des marinas accueillantes, les unes tranquilles en pleine campagne, les autres au coeur de villes animées, le temps de faire des courses, de remplir le réservoir d’eau, de marcher… au moins jusqu’à un bon restaurant.

Tous les jours nous confortent dans nos bonnes intentions : profiter de ces moments tant que nous le pouvons encore. Nous avons bien le sentiment d’être des privilégiés. Certes nous avons gagné notre croûte, notre bateau, et notre voyage. Certes nous aurions pu faire mieux, en devenant attaché(e) parlementaire(s) peut-être. Certes nous ne sommes que des privilégiés modestes parmi les super-privilégiés, à en juger par les maisons du bord de l’eau ou la taille des bateaux qui nous entourent.

Il n’empêche, tout nous est facile et nos soucis sont des mega problèmes de riches. Mais attention, la pente naturelle est de s’habituer à ne vivre qu’entre-soi, à ne jamais côtoyer les quartiers pauvres ou les immigrants illégaux menacés d’expulsion, à ne toucher que du bout des doigts une société bien agitée, bien divisée, et bien inquiète. Bonne résolution : rester attentifs à ne pas nous retrouver dans un Truman Show nautique !